Objectifs; viser à atteindre quelque chose nous fait littéralement vivre !
Pour l’apprenti éleveur, les premiers objectifs sont souvent ceux d’avoir sa terre ou de recevoir enfin ses premiers animaux.
Ensuite, c’est de vivre les premières naissances et de passer par dessus les premiers défis avec succès.
Quand on atteint un objectif, on est doublement motivé et notre entreprise prend du gallon. Sans défis, on finit par se lasser, invariablement.
Est-ce que faire de l’argent est un objectif ? Oui, ça peut. Mais ce n’est pas le genre d’objectif qui va te faire avancer véritablement personnellement et professionnellement…
En voici cinq autres beaucoup plus concrets et parfaitement adaptés pour réussir dans l’alpaga !
1. Objectif ultime; un premier but !
Comme toute autre entreprise, lorsqu’on fait l’élevage de l’alpaga, on doit avoir un but en tête si on souhaite avancer sans nous éparpiller et réussir quelque chose.
Dans le monde des affaires, on suggère très fortement de faire un plan pour mettre toutes nos idées sur papier.
Et ce «plan d’affaires» fait peur et semble souvent une corvée inutile à celui qui ne veut pas nécessairement se présenter devant un banquier (j’ai tellement été cette fille-là à une certaine époque !!!).
Pourtant, ce «plan», c’est surtout pour nous que nous devrions le faire; pour s’y référer quand on est débordé et qu’on ne sait plus où mettre nos priorités… ou pour se rendre compte simplement, dans les moments de désespoir, qu’on a pourtant avancé et qu’on a fait un bon bout de chemin depuis les débuts. Sur papier, nos buts sont clairs; en les suivant, on élimine le superflu qui rend nos journées trop folles inutilement et on se remotive !
Tu peux commencer simplement ton «plan» par mettre sur papier cette «mission d’entreprise» (le terme exact officiel !); une seule phrase qui englobe tout ton projet. Ce n’est pas le «plan d’affaires» complet, mais un excellent début puisqu’il permet d’en faire la synthèse.
C’est ton objectif principal, ta raison d’être.
POURQUOI est la question à se sauver pour trouver ta mission. Quand tu sais ce que tu souhaites faire exactement dans ta vie (ton projet!), tu vas vouloir continuer à réfléchir et mettre sur papier comment tu vois ton entreprise, à décrire avec précision ce qu’elle est, comment tu souhaites réaliser telle ou telle chose… et ainsi remplir au complet ton plan d’affaires.
C’est le premier pas qui coûte ! Et je te rassure, c’est normal de ne pas trouver exactement cette mission d’entreprise en 2 minutes !
Une chose par contre que je te conseille fortement; ne travaille pas un plan d’affaire pendant des mois dans ton coin, c’est inutile. Tu dois toujours valider tes réflexions et pour ça, tu dois être dans l’action.
Un plan, ce n’est pas statique mais en mouvement. Pour en revenir à l’écriture de cet objectif ultime; il doit se faire en toute franchise et transparence. Ça demande de plonger en soi et de te demander ce que tu souhaites faire et ne pas faire, de reconnaître tes valeurs, tes goûts, tes intérêts et d’exprimer ta personnalité par la créativité de ton entreprise.
Tu vas vivre cet objectif que tu mets sur papier; inutile de parler d’aller monter l’Everest ou voyager pendant 1 an si tu aimes profondément le cocooning et détester quitter la maison trop longtemps… n’inscris donc pas une mission d’entreprise qui ne respecte pas tes aspirations et goûts simplement pour épater la galerie ou parce que c’est «ce qu’il faut faire pour faire de l’argent».
Oui, il faut savoir se dépasser pour être entrepreneur, mais sans se trahir.
Permets-toi de rêver à ton monde entrepreunarial idéal, mais saches que certains objectifs vont peut-être difficiles à réaliser, parfois impossibles et qu’ils ne sont pas nécessairement tous rentables. C’est la même chose dans le monde de l’alpaga; tous les projets ne sont pas nécessairement rentables.
C’est après avoir couché sur papier ses plans qu’on peut se mettre à réfléchir sur ces questions et analyser si ça vaut la peine de se lancer de cette façon; aussi bien le savoir tout de suite !
Tu as le choix d’abandonner avant de t’être épuisé à créer cette entreprise ou de modifier ton projet vers une autre direction qui pourrait te plaire aussi.
2. Quel est le nombre maximum d’alpagas que tu souhaites élever ?
Il est TOUJOURS possible de changer d’avis, tout comme il est possible de changer la mission d’entreprise de son élevage en cours de route.
Pourquoi alors se fixer ce genre d’objectif ?
Parce que les limites aident à avancer et à réfléchir. Parce que si tu te dis: «je ne monte pas le troupeau au-dessus de 25 parce que je crois que j’en aurai assez pour mon projet actuel», tu vas te demander ce que tu vas faire quand tu vas arriver à ce chiffre.
Cette réflexion t’empêche non seulement d’accumuler des animaux dans tes pâturages et de te réveiller un matin avec un problème sur les bras (monétaire et de gestion), mais peut te permettre aussi de développer de nouvelles idées et de nouveaux objectifs pour ce moment précis où tu vas avoir tes 25 alpagas.
Ça fait grandir ton entreprise davantage et permet de mieux l’enrichir… Et à la longue, de toute façon, nous avons tous besoin de nouveaux défis pour rester intéressés !
En réfléchissant, tu vas peut-être changer tes plans, mais ton objectif va déjà avoir fait son travail; celui de structurer efficacement ton élevage, t’avoir fait réaliser quelque chose et t’avoir aidé à établir de nouveaux défis !
3. Quelle quantité de fibre mes animaux porteront-ils à l’avenir ?
La fibre est le but ultime de l’élevage de l’alpaga; c’est ce qui donne la valeur à cet animal et c’est pourquoi les prochains objectifs portent beaucoup sur cette fibre recherchée.
De prime abord, ça paraît présomptueux; comme si on pouvait décider de ça, de la quantité de fibre que ses animaux vont porter ! Pourtant oui !
La densité, la longueur de repousse, la couverture de la fibre sur l’animal, la grosseur de l’alpaga… ce sont tous des paramètres que l’on peut améliorer au fil des accouplements et avec la qualité de l’alimentation. Et c’est en faisant les bons choix qu’on améliore la quantité de fibre par animal.
Pourquoi un tel objectif ? J’avoue que c’est un objectif un peu moins commun parce que la majorité des éleveurs veulent «la finesse».
Mais parce que chaque animal coûte sensiblement la même chose à entretenir et à nourrir, passer de 5 lb par animal à plus de 10lb peut éventuellement doubler les profits par animal !
Ce n’est pas un objectif proprement monétaire, mais ça a un impact sur les revenus de l’entreprise et sa croissance… tout en étant beaucoup plus concret !
4. Quelle finesse mes animaux auront-ils à 5 ans ? Quelle longueur de fibre ?
Pourquoi 5 ans ? Parce que c’est entendu que c’est vers l’âge de 5 ans qu’on peut prédire à 100% la destinée de nos alpagas au niveau de leur fibre.
Nous pouvons aussi établir à 1 an quelle finesse nous voulons avoir, tout comme celle à 10 ans, si c’est souhaité.
Nous pouvons décider d’avoir comme objectif un troupeau à moins de 25 microns à vie.
La valeur de la fibre de l’alpaga étant établie à 75-80% avec la finesse de la fibre, c’est un objectif assez incontournable comme je disais plus tôt !
La longueur, quant à elle, influence la transformation et les soins aux animaux; quand l’animal n’a plus une assez longue fibre, il a souvent besoin de soins particuliers quand il fait plus froid et sa fibre ne peut plus être transformée en fil…
De là l’idée que nos animaux aient toujours une longueur acceptable et qu’ils gardent cette longueur le plus longtemps possible ! Les particularités de nos ambitions dépendent toujours de notre objectif ultime !
5. Quel trait de caractère ou trait physique est-ce que je veux accentuer ; objectifs louables !
Les vaches d’aujourd’hui sont ÉNORMES comparativement à celles des colonies en Amérique !
Les chiens ont été sélectionnés pour leurs particularités physiques ou comportementales pour finalement créer des races distinctes.
La sélection des graines de plantes l’est pour garder les spécimens qui résistent le mieux à la sécheresse, qui donnent plus de fruits ou de plus gros fruits.
Je ne parle pas ici de laboratoires et d’une joute de scientifiques fous, mais d’une sélection pour une évolution des espèces qui existe bel et bien naturellement.
D’ailleurs, les alpagas ont beaucoup changé depuis les Incas (tout comme nous!) ! Mais c’est inutile de gérer ça, non ? Non, pas du tout !
Un alpaga qui ne donne pas de lait à son bébé parce qu’il n’en a pas et qui se reproduit pourtant à outrance risque de rendre l’élevage beaucoup plus difficile et coûteux à l’avenir… et même nuire à la reproduction de l’espèce !
Un comportement très agressif peut coûter cher en soins vétérinaires et complexifier les soins aux animaux.
Choisir de reproduire des alpagas qui ont des caractéristiques positives qui sont autres que la qualité de la fibre (sans l’oublier, bien entendu !) ne fait qu’améliorer la rentabilité de ton élevage, va peut-être te permettre de te spécialiser, mais aussi de faire profiter d’avancées à tous les troupeaux d’alpagas autour de toi !
Peut-être même que cette sélection va faire de l’alpaga un animal plus adapté à la survie !
Oui, il y a toujours des questions éthiques à se poser avec ce genre d’objectifs puisque ça a un impact très significatif autour de nous. Mais puisque ce sont les éleveurs qui prennent les décisions d’accoupler tel animal avec un autre dans un environnement qui reste limité, ces derniers sont aussi responsables du positif que du négatif qui en ressort; aussi bien que ce soit positif !
Des objectifs à la pelle !
Ce ne sont que quelques exemples d’objectifs que nous pouvons avoir comme éleveur d’alpagas, mais il y en a des tonnes qui peuvent avoir un impact sur ta spécialisation, ton élevage, ton milieu de travail comme éleveur… et ta rentabilité !
Je suis plutot dans l’aviculture mais j’ai trouvé ton article très intéressant et transposable dans tous les types d’élevage. Merci.
Effectivement, c’est facilement transposable; c’est vraiment une façon de réfléchir notre projet… Merci pour le commentaire ! 🙂
Article superbement écrit et qui permet de se transposer facilement. On sent à quel point vous aimez vos animaux! Un grand merci.
MERCI ! 🙂